Nous avons réalisé cette installation du 9 au 16 septembre 2012 sur la Digue du Large. Une semaine face à la mer, ivres de vent et de soleil, à poser ensemble ce geste dérisoire et magnifique. L’œuvre a résisté à un mistral de force 9, mais pas à quelques mains humaines. Nous n’avons vu de notre ouvrage que ce que nous vous donnons à voir ici. à peine achevée, l’installation fut détruite par un passant de la Digue et pas une feuille d’or ne fut retrouvée alentour ! Nous ne saurons jamais ce qui lui déplut tant, ou peut-être ce passant s’est-il pris au jeu de l’œuvre, y voyant là un matériau de valeur ? L’enquête fut vivement menée au sein du Port et restera sans réponse : qui a volé l’or d’Afrique ? c’était bien la question posée, me dit-on simplement au secrétariat du service de sécurité… Les deux jours qui suivirent, nous avons à nouveau recouvert quelques blocs avec ce qui restait d’adhésif, pour enfin apercevoir depuis la mer, lors d’une promenade en bateau, les éclats de lumière d’Or d’Afrique…
Projet en dérive
Marhabane
Marhabane est une œuvre née du projet architectural de la gare LGV de Casablanca, une œuvre monumentale qui s’inscrit comme un point de repère dans une architecture résolument contemporaine s’étirant telle un pont sur le réseau de voies ferroviaire. Pour ce lieu de transit, Hassan Darsi a imaginé une œuvre qui en prolonge la fonction principale, accueillir les millions de voyageurs qui traverseront ses espaces, mais qui prolonge aussi le projet architectural par une passerelle symbolique.
Marhabane est une sphère de plus de quatre mètres de diamètre constituée d’entrelacs de bois doré assemblés en échafaudage. Une forme évidée en son centre laisse deviner les contours du continent africain, une Afrique dont le Maroc constituerait le point de jonction avec l’Europe, une jonction dont Casablanca deviendrait l’épicentre stratégique. Dans le vide laissé par l’absence de structure, flottent 29 mots et autant de langues, parmi les plus usitées en Afrique, pour souhaiter « bienvenue » aux voyageurs de passage. Une manière pour l’artiste tant de souligner l’appartenance africaine du Maroc et de signifier la dimension d’accueil d’une gare
Marhabane prend sa source dans la vocation même du lieu où elle s’inscrit en même temps qu’elle emprunte des éléments récurrents du travail de Hassan Darsi : la couleur or pour sa portée emblématique et son impact signalétique (« Or d’Afrique », « Jetée en or », …) ; la référence à l’architecture, au processus de construction et à sa dimension inachevée (« Des amulettes », « Chantiers en or », « Les réparateurs du ciel », …).