Nous avons réalisé cette installation du 9 au 16 septembre 2012 sur la Digue du Large. Une semaine face à la mer, ivres de vent et de soleil, à poser ensemble ce geste dérisoire et magnifique. L’œuvre a résisté à un mistral de force 9, mais pas à quelques mains humaines. Nous n’avons vu de notre ouvrage que ce que nous vous donnons à voir ici. à peine achevée, l’installation fut détruite par un passant de la Digue et pas une feuille d’or ne fut retrouvée alentour ! Nous ne saurons jamais ce qui lui déplut tant, ou peut-être ce passant s’est-il pris au jeu de l’œuvre, y voyant là un matériau de valeur ? L’enquête fut vivement menée au sein du Port et restera sans réponse : qui a volé l’or d’Afrique ? c’était bien la question posée, me dit-on simplement au secrétariat du service de sécurité… Les deux jours qui suivirent, nous avons à nouveau recouvert quelques blocs avec ce qui restait d’adhésif, pour enfin apercevoir depuis la mer, lors d’une promenade en bateau, les éclats de lumière d’Or d’Afrique…
Projet en dérive
Karyati Hayati
Karyati Hayati (Mon village, ma vie) est le titre du projet sur lequel travaille actuellement Hassan Darsi. Ce projet est intimement lié à un site, le village Beni Aïssi situé au cœur de la forêt de Benslimane, et à une situation. Il est essentiel dans un premier temps de planter le décor du projet tant l’histoire de ce village et l'implication d’artiste dans ce site sont interdépendants.
La forêt de Benslimane est le poumon vert du Maroc avec quelques 25% de la superficie boisée du territoire. A l’heure des urgences climatiques et de la protection de l’environnement, et après la mobilisation générale du Royaume et de ses engagements pour la COP 22, protéger l’environnement, la santé publique, le cadre de vie des populations et la préservation des ressources naturelles et paysagères est autant un devoir qu’une priorité. Le douar Beni Aïssi jouit d’un cadre environnemental rare et précieux entre petites exploitations agricoles, collines, cours d’eau et forêt. La biodiversité de la faune et la flore s’y épanouissent dans un équilibre harmonieux, préservé par ses habitants, qui y sont nés, y vivent et y travaillent depuis de nombreuses générations.
Il y a quelques années, l’exploitation des carrières est venue bouleverser la qualité de vie du douar et la symbiose entre l’homme et la nature a été considérablement ébranlée. Aujourd’hui, c’est une colline entière, sa forêt, sa faune, sa flore et les riverains qui y vivent et travaillent qui sont menacés par un nouveau projet de carrière et le vampirisme politico-financier de multinationales qui lorgnent les terres agricoles pour nourrir leurs cimenteries. Face à de tels projets, les habitants sont désemparés, seuls et souvent mal organisés ; ils subissent la peur réelle et imaginaire des autorités. Les plus jeunes n’ont souvent comme alternative que de travailler dans ces mêmes carrières qui détruisent leur lieu de vie et dévalorisent leur patrimoine.
Hassan Darsi habite dans ce village depuis huit années et il est à la fois témoin et concerné par ce qui s’y joue. En vis-à-vis à ce projet de carrière il a proposé aux habitants de s’unir autour d’un autre : la création d’un village agro-écologique qui les fédère autour d’un véritable projet de vie. Ce projet est en cours de mise en œuvre et l'artiste l’accompagne comme témoin qui archive cette aventure par une production filmique, et comme artiste qui active des projets artistiques, culturels, et écologiques pour contribuer à cette construction sociale.