POEM

Exposition à l'espace d'art Artorium,

du 22 mai au 31 juillet 2025, Casablanca

Commissariat d'exposition Abdallah Karroum

L’exposition personnelle poem de Hassan Darsi à l’espace d’art Artorium de la Fondation TGCC présente essentiellement des œuvres produites au cours des cinq dernières années, mais elle résume l’engagement de l’artiste depuis trente ans. Actif dans les domaines de l’enseignement de l'art et des collaborations artistiques au Maroc depuis le début des années 1990, il a mis en place des projets, des recherches et des actions faisant partie intégrante des processus de production proposant des œuvres ouvertes, prolongeant le contexte de la vie réelle dans les espaces d’exposition.

(.../...)

Le parcours entre les œuvres est structuré en fragments, à la fois autonomes et interconnectés. L’espace-temps recréé par l’artiste dans le lieu d’exposition fait écho aux voisinages de son atelier, avec les formes de vie environnantes. Il utilise les éléments de son quotidien, notamment sa collection de plantes résistantes qui lui sont chères, les agaves, et les met en relation avec les œuvres produites. Tous les fragments présents, qu'il s'agisse des œuvres, du film ou du livre poem (2025), tracent un chemin qui rapproche le public du « paradis » utopique que l’artiste entreprend de construire. À plusieurs égards, poem est un manifeste qui fait écho à la condition de notre monde.

L’exposition est conçue comme une traversée physique, visuelle et émotionnelle de l’univers de l’artiste. Il est question de partage, d’expérience et d’éveil. Le visiteur y accède par un passage entre deux installations d’œuvres : l’une à caractère organique, l’autre en apparence architecturale. Un vis-à-vis présente un ensemble d'agaves, plantes résistantes, face à une maquette, représentant une architecture d’époque Art déco au cœur de la ville de Casablanca. Cette translation des plantes de l’atelier de l’artiste vers l’espace d’exposition témoigne d'une conscience profonde de l’environnement, de la fragilité de la nature et de la capacité de résistance de certains organismes vivants. En face, le portrait « sculptural » d’un bâtiment industriel aujourd'hui disparu survit sous la forme d'une maquette baptisée poétiquement le Square d’en bas. Contrairement aux bâtiments qui disparaissent généralement lors d’une destruction, certaines plantes ont cette capacité de se régénérer d’elles-mêmes. Ce dispositif résume la position de l’artiste, dans son atelier comme dans la cité, en tant que producteur d’actions à l’échelle 1, et en tant que philosophe bâtisseur à l’échelle d’une maquette. Dans ces deux situations, l’artiste est à la fois acteur et témoin, constructeur et historien. Il est en équilibre à la lisière de l’arène, à une « distance juste », tangente au politique, pour répondre avec poésie et transformer les ruines en projets.

Abdellah Karroum

Catalogue de l'exposition :

Poem Hassan Darsi.pdf

Télécharger PDF • 11.68MB